Mise à jour 05/05/2022 : Julien a quitté la gestion de la collection de la Vallée au Loups.
Julien Maï-Thé fut responsable de la collection “Rémy Samson” des bonsaï du Parc de la Vallée-aux-Loups. Il nous parle de son parcours, ses responsabilités avec la gestion de cette collection et de l’avenir.

Une petite partie des arbres est à l’extérieur, devant la serre froide.
Bonsaiculture.fr / Julien, quel est ton rôle au sein de l’arboretum de la Vallée aux Loups ?
JMT / Je suis responsable de la collection des bonsaï du parc de la Vallée aux Loups depuis novembre 2020. Ça fait à peine quelques mois, (interview réalisé en juin 2021) et j’ai en charge les 66 arbres qui constituent la collection Rémy Samson.
Bonsaiculture.fr / Ton rôle ce n’est que l’entretien de la collection ou tu as un rôle de conseil auprès des visiteurs du lieu ?
JMT / Il y a un rôle horticole, c’est à dire que je m’occupe des arbres pour qu’ils soient en bonne forme, mais aussi en bonne forme esthétique. Et j’ai aussi un rôle de pédagogie comme tous les autres jardiniers auprès du public, puisque c’est un site ou nous sommes quand même assez sollicités.
Bonsaiculture.fr / Quel est ton parcours de bonsaï-ka avant d’arriver ici ?
JMT / Quand j’étais gamin, je ramassai souvent des petits plants de laurier, qui poussaient comme ça de manière spontanée. Et je les mettais juste en pot sans vouloir en faire du bonsaï. Ensuite en ayant vu quelques uns à droite à gauche, je me suis dit que je pourrais peut-être essayer. J’aime bien l’aquariophilie et j’aime bien tout ce qui est nature, mais condensées dans un espace restreint. D’ailleurs je m’intéresse toujours à l’aquariophilie. A l’époque, voir un petit orme de Chine avec des coins de roche, un petit temple ou un petit pêcheur, pour moi, c’était l’immersion totale. Plus tard, parce que je n’ai pas fait ça sérieusement quand j’étais gamin, lorsque je travaillais, j’ai rencontré un de mes collègues qui m’a dit « Tu sais, pour faire du bonsaï, t’es pas obligé d’acheter des arbres ». Parce que pour moi, avant le bonsaï, c’était cher et c’était dur à tenir. Il y avait un tas de mythes qui me faisait dire non. Ce n’est pas pour moi, ce n’est pas accessible. Et ce collègue de travail m’a dit, tu vas au bois de Vincennes, étant de l’Est parisien, tu prends de la charmille, et avec ça tu peux faire des bonsaï. Avec n’importe quel semis, tu peux faire des bonsaï et donc c’est parti de là. Il m’a passé des bouquins de Rémy Sanson, & c’est parti comme ça. Ensuite, en voulant creuser un peu plus profond, je me suis inscrit sur un forum qui à l’époque, s’appelait “Esprit de Goshin” et qui était géré par Michel Sacal. C’est la personne qui a fait que je me suis mis sérieusement au bonsaï. C’était quelqu’un de très fédérateur et qui poussait les gens toujours plus loin dans ce qu’ils aimaient faire. Je lui dois beaucoup et je pense que le bonsaï, c’est aussi une histoire d’humain, de rencontres, d’opportunités, de gens qui nous prennent sous leur aile et avec qui on sympathise, on devient amis et on évolue. C’est ça le bonsaï.

Les arbres de la serre froide du Parc de la Vallée-aux-Loups.
Bonsaiculture.fr / Quel est ton analyse sur la collection actuellement ?
JMT / À ce jour pour moi, c’est une collection qui a un vécu extraordinaire. C’est à dire qu’on voit sur ces arbres, le temps est passé. La seule chose, c’est que ces marques du temps ne sont pas forcément mises en valeur, c’est à dire que dans leur mise en forme, les arbres sont restés figés dans les années 90, à l’époque de Rémy Sanson et c’est dommage. Le Bonsaï c’est un art vivant, les choses évoluent avec le temps et se transmettent. Nous ne sommes que des intermédiaires à chaque fois. Mais je trouve dommage de figer les choses dans le temps. Les faire un peu évoluer & développer leur potentiel, développer les points forts je trouve dans ces arbres et surtout conserver leur bonne forme. Parce que ça, c’est important, sachant qu’il y a beaucoup de choses qui ont évolué dans les méthodes de culture. Ce n’était pas forcément le cas à l’époque. Petit à petit, il y a des choses à faire pour que les arbres soient en bonne forme et pour pouvoir léguer tout ça plus tard.

Orme de Chine / Ulmus Parvifolia
Bonsaiculture.fr / Comment vois-tu le développement de cette collection dans l’avenir ? Tu l’imagines avec plus d’arbres ?
JMT / Non, je ne verrais pas la collection avec plus d’arbres parce qu’en fait l’intention c’est de préserver un patrimoine, le patrimoine végétal de Châtenay-Malabry. Le nombre d’arbres est suffisant pour une collection. Maintenant, pour la pérennité de cette collection je pense qu’il serait important de pouvoir faire sortir les arbres, parce qu’actuellement, ils sont en serre froide. Ces arbres sont des arbres tempérés et ils n’ont pas à vivre en serre froide. Et nous, en tant que jardiniers, avant d’être bonsaï-ka, on ressent le réchauffement climatique puissance 10 et on le ressent encore plus quand les arbres sont en serre. Les faire sortir c’est ce qui permettra de les faire durer.

Pinus pentaphylla / Goyo matsu / Pin blanc de Japon – “Main de Bouddha”. Un arbre emblématique de la collection de Rémy Samson.
Bonsaiculture.fr / Dernière question. Tu as beaucoup de « spécialistes ou passionnés » qui viennent voir la collection ?
JMT / A la vallée aux loups, dans la collection, ça me plaît tout autant de parler à des bonsaï-ka spécialistes qu’à des grands débutants. L’idée c’est d’ouvrir cette collection, pour la rendre plus riche. Humainement plus riche.

Pinus pentaphylla / Goyo matsu / Pin blanc du Japon. Forme Japonaise “sekijoju”, les racines enserrent la roche (Une roche en forme de temple) plutôt rare.
Pour s’y rendre
Domaine de la Vallée-aux-loups
102, Rue de Chateaubriand 92290 Châtenay-Malabry
Accès gratuit / Attention : l’arboretum est interdit au vélo et aux chiens.
Horaires :
de novembre à février, 10 h-17 h
de mars et octobre, 10 h-18 h
d’avril à septembre, 10 h-19 h
https://vallee-aux-loups.hauts-de-seine.fr/

MERCI Julien pour ton accueil et ta disponibilité. Textes & Photos – JY LAMUSSET