Franck Pizzali est Bonsaï-ka et Responsable de l’unité territoriale pour le compte de la Direction des parcs, des paysages et de l’environnement des parcs et jardins des Hauts-de-Seine. Depuis 2017, il est aussi Responsable du Domaine départemental de la Vallée-aux-Loups et du Jardin Albert khan pour la partie gros travaux.

L’entrée principale, la serre froide, de la collection de bonsaï “Rémy Samson”, dans l’arboretum du Parc de la Vallée-aux-Loup.

Franck PIZZALI

BonsaïCulture.fr : Bonjour Franck, ravi que nous puissions avoir cet échange ici, comment as-tu commencé le bonsaï ?

F.P : Déjà, je note que le hasard fait bien les choses, puisque nous sommes aujourd’hui dans l’arboretum, qui est un site patrimonial et un site botanique d’excellence avec une collection départementale de bonsaï. Donc pour moi La boucle est bouclée. Mon parcours de bonsaï-ka, je suis autodidacte. J’ai commencé seul, parisien de naissance, donc au début sur les fenêtres et les balcons parisiens. Et petit à petit la passion a grandi. Bizarrement, mais apparemment comme beaucoup d’autre, j’ai découvert le bonsaï avec le magazine Pif Gadget fin 1970 début 80. Dans un numéro il y avait un plan d’épicéa et avec ce petit épicéa, un petit article sur le bonsaï. J’ai vu dernièrement sur la toile des recherches de personnes de mon âge qui avaient démarré avec ça et certains avaient encore leur épicéa. Moi je ne l’ai plus, bien entendu. Mais en tout cas, c’est comme ça que j’ai démarré. C’est avec cette approche de l’arbre en pot que j’ai commencé. Ensuite, cela a été exponentiel avec les moyens d’un ado. Puis d’un jeune adulte. Des pauses liées à l’activité professionnelle et la vie de famille… Et depuis quelques années maintenant la passion reprend très fort. Et le hasard de la vie fait que je me retrouve aujourd’hui, professionnellement Parlant, à la tête d’une collection digne de ce nom, d’une soixantaine d’arbres, avec Julien Maï-Thé, bien entendu.

Érable trident / Acer trifidum – buergerianum.

BonsaïCulture.fr : Quel a été le déclic pour reprendre sérieusement le bonsaï ?

F.P : J’ai le défaut d’être un passionné. J’ai plusieurs passions. J’ai fait pas mal de choses, mais ma passion centrale a toujours été le bonsaï. J’ai toujours gardé certains arbres, effectivement depuis 1978/80. Il y a eu des pauses liées aux études, puis à la vie professionnelle. Mais aujourd’hui, à titre personnel, je dois avoir une petite quinzaine d’arbres. J’ai la chance d’être en pavillon dans le Val d’Oise, en banlieue. Plutôt sympa. Je suis plutôt conifères, mais j’essaie de me forcer à avoir du feuillus. Entre le « shohin » et le « kifu », mais pas plus gros. Je n’ai pas la place.

Acer Palmatum / Érable du Japon

BonsaïCulture.fr : Quelle est ta vision de la collection de la Vallée aux Loups en tant que responsable départemental ?

F.P : Cette collection est composée d’une soixantaine d’arbres achetés par le département. Plus quelques arbres offerts par le premier propriétaire de collection, Rémy Samson. 66 arbres maintenant entre les tempérés et tropicaux et subtropicaux. Cette collection est très intéressante. Elle est très diverse. On a vraiment tout un tas d’essences représentatives du bonsaï français.

BonsaïCulture.fr : Est-ce que tous les arbres proviennent de Rémy Samson ? 

F.P : Oui, il n’y a aucun apport extérieur. C’est vraiment ce qui fait un la différence avec la collection de la mairie de Paris (du Parc Floral de Paris). C’est effectivement une collection qui a été achetée à Rémy Samson. D’ailleurs, l’espace dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui, ce nome l’espace « Rémy Samson ». Tu verras encore sur certains arbres, des petites étiquettes qui ont été plombées à l’époque de l’achat. On les fait disparaître petit à petit pour l’esthétique de l’arbre. Mais effectivement, cet espace est identifié comme étant l’espace « Rémy Samson » et les arbres proviennent tous de sa collection.

La collection de bonsaï “Rémy Samson” du Parc de la Vallée-aux-Loups. 2021

BonsaïCulture.fr : Qu’elle-est pour toi, en tant que responsable, ta vision de cette collection dans les dix ans à venir ? Qu’est-ce que tu espères ou aimerais voir dans cette collection ?

F.P : Cette collection est composée d’arbres matures, bien évidemment. L’arrivée d’un nouvel expert qui s’occupe de cette collection, (auparavant Catherine Nesa s’en occupait parfaitement également.) avec sa vision et le formalisme qu’il maîtrise (Julien Maï-Thé), nous permettra de gagner en maturité au niveau des arbres. Ça, c’est certain. S’approcher des critères du bonsaï japonais. D’être plus proche de l’arbre représentatif, de la vision du bonsaï que peuvent avoir les visiteurs (initiés ou non). Il y a des arbres qui ont vraiment besoin d’être travaillés de façon plus fine. De façon plus minimaliste, dans le sens où on doit rétablir l’échelle. Sur certains sujets qui sont des sujets majeurs, magnifiques, comme le cèdre. Mais voilà, ce sont des sujets qui ont vraiment besoin de commencer à rentrer dans la dimension bonsaï. Une bonne chose, ce sont des arbres en parfaite santé.

La serre froide de la collection de bonsaï Rémy Samson au Parc de la Vallée-aux-Loups. (06/2021)

BonsaïCulture.fr : Quel est ton souhait pour cette collection vis à vis des visiteurs/teuses, et qu’aimerais-tu qu’il se passe au niveau du développement des infrastructures ?

F.P : Effectivement, a voulu sécuriser tout cela puisque c’est vrai, il ne faut pas se voiler la face. Rémy Samson avait subi des vols en son temps. Malheureusement, c’est dramatique, mais c’est comme ça. C’est ainsi que le département a voulu sécuriser l’espace. On le voit autour de nous, dans une serre tempérée qui est magnifique. Avec tout un tas d’options de réglage qui permettent vraiment aux arbres de passer des hivers très confortablement, mais… Mais effectivement nous sommes, en tout cas pour ces arbres là, sur des arbres tempérés qui ont vraiment besoin de sortir à l’extérieur, qui ont besoin de saisonnalité, même si la saisonnalité est de moins en moins marquée. On a eu un bel hiver cette année, mais ce sont des arbres qui ont besoin de souffler un peu par moment. Et donc, on a pour projet dans l’espace entre les deux serres tropicales/subtropicales et la serre tempérée, de créer un espace de visite, bien entendu avec des arbres en extérieur. Donc, l’objectif, c’est de relier les deux pavillons. Pour agrandir la zone d’exposition en optimisant la partie extérieure.

BonsaïCulture.fr : Est-ce que cet agrandissement signifie une réflexion de votre part sur l’ajout de nouveaux arbres dans la collection ?

F.P : J’y pense, parce que c’est intéressant de faire évolué une collection, mais le nom de la collection en dit long, c’est la collection « Rémy Samson ». Ce sont les arbres issues du musée du même nom et nous avons un rôle de préservation, donc rajouter des arbres serait peut être une difficulté dans la cohérence de notre rôle de préservation de cette collection. Rien n’est exclu, mais à ce jour nous sommes plutôt dans la réflexion d’agrandir l’espace d’exposition pour mieux présenter les arbres actuels plutôt que d’en rajouter de nouveaux. L’idée c’est réellement d’optimiser notre patrimoine actuel plutôt que de l’augmenter.

Juniperus Formosa / Genévrier de Formose (Taïwan)

Textes et photos / JY LAMUSSET – bonsaiculture.fr – 2021